« Je ne suis pas du tout serein », reconnaît l'éleveur quinquagénaire alors qu'il brosse Hanibal, un taureau à la tonne deux cents de muscles. La bête semble apprécier le moment, ignorant le désarroi de son toiletteur. « Je n'ai pas l'impression de vivre mon métier comme j'aurais aimé », affirme Bernard Coudert, « j'aurais aimé plus de liberté dans l'action, la prise de décision ». Mais la crise est passée par là... Les crises sont passées par là.
Les éleveurs ont l'habitude de faire le dos rond mais quand les catastrophes s’enchaînent, la fatigue morale prend le dessus sur la bonne volonté, sur l'espoir. « Depuis que je suis installé, on a connu l'ESB, la FCO, la chute des cours... ». La coupe est pleine. Bernard veut bien continuer à donner 70 heures hebdomadaires à l'agriculture française, mais plus dans ces conditions. A qui la faute alors ? « On ne peut pas rejeter la responsabilité sur une seule tête », admet-il. La politique comme les éleveurs doivent tirer des enseignements du passé. Décider, trancher, accompagner pour les uns, repenser un modèle pour les autres.